dimanche 25 février 2007

Les relations internationales

Le monde qui serait celui du quinquennat de M. Sarkozy n’est plus celui du général De Gaulle. Depuis la chute de l’URSS, la mondialisation est en plein essor. Votre candidat analyse parfaitement les contraintes qu’elle engendre pour l’action de politique nationale. Mais il n’en tire pas les bonnes conclusions : au lieu de chercher à la remettre en cause, il explique qu’elle n’est qu’une contrainte avec laquelle il faut apprendre à vivre : « A nous d’inventer l’action qui va avec ! »* Cette attitude est la même que celle d’un médecin qui refuserait de plâtrer une jambe cassée pour la soigner, et expliquerait au malade qu’il devra plutôt vivre toute sa vie dans un fauteuil roulant mais que cela ne devrait pas entamer son moral !
La mondialisation, on peut voir qu’il la souhaite autant que les journalistes de Télérama ou de Libération, dans l’économie, certes, mais aussi dans le métissage des cultures au sein même de la vie privée des populations. C’est dans ce sens qu’il vante les succès cinématographiques de L’Auberge espagnole et des Poupées russes, films probablement talentueux mais dans lesquels la culture du libre-échangisme mondial est présente dans chacune des scènes. Lorsqu’il est critique au sujet de l’instauration de cette mondialisation, ce n’est pas vis-à-vis du manque de prudence des entreprises françaises, c’est plutôt à l’égard du manque d’audace des partis politiques, qui voudraient selon lui pour les uns essayer de l’empêcher, pour les autres ne pas en tenir compte. La mondialisation serait, pour lui, un postulat avec lequel on doit s’accommoder, et dont il ne s’agirait même plus de discuter. Sans oser parler de l’idéologie qui est à l’origine d’un tel enthousiasme, reconnaissez, mon ami, que sur le plan purement politique, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un aveu de démission de la liberté d’action face à un pouvoir qui serait supérieur. Faire abdiquer la France : est-ce une vision de droite ?
Pour M. Sarkozy, le respect des droits de l’homme est le « fondement de la notion même de droit international »*. C’est d’ailleurs le but que s’est officiellement fixé l’Onu. Mais n’est-ce pas là l’espoir des philosophes des lumières, atteint grâce à l’action de Roosevelt ? Cet homme fut, certes, le sauveur de l’Europe face au IIIe Reich. Mais il fut aussi l’ami de Staline, l’homme du New Deal, le président américain considéré par beaucoup comme l’un des plus à gauche de tous les temps américaine. D’autres ordres internationaux étaient fondés sur des doctrines plus traditionnelles, à commencer par la Chrétienté (jusqu’à la Renaissance) ou encore le Congrès de Vienne... D’ailleurs, M. Sarkozy va plus loin que Roosevelt ne pouvait l’espérer, puisqu’il estime que « la mondialisation est une occasion unique de généraliser le respect des droits de l’homme et de la démocratie »*. La seule chose qu’il déplore dans la mondialisation, c’est le risque qu’elle engendre de « soumettre des hommes et des femmes à des cadences de travail infernales et pour des salaires de misère »*. On croirait lire Germinal ! Finalement, la mondialisation souhaitée par M. Sarkozy est celle du projet de M. Bové, celle qu’on appelle désormais l’alter-mondialisation. Quel regret, doit-il avoir, de ne pas avoir été à la place de M. Chirac lorsque celui-là a rencontré en 2006 le président alter-mondialiste du Brésil Lula Da Silva. Mais il est vrai que les opinions socialistes d’un président, élu une première fois pour avoir dénoncé une « fracture sociale » et une seconde fois pour faire barrage à la droite, ne sont plus à démontrer.
M. Sarkozy estime que les relations internationales ont pour but de faire avancer les grands dossiers qui engagent l’humanité présente (affaires sociales) ou à venir (développement durable). C’est une vision universaliste, qui va à l’encontre de la doctrine traditionnelle de la politique. Selon cette dernière, ce qui est universelle, c’est la morale : le bien et le mal, le juste et le faux... Ainsi, sous n’importe quelle latitude, il est mal, par exemple, de tuer un être humain innocent. Mais le gouvernement des hommes passe par les nations. Ainsi, insister, comme le fait votre candidat, sur l’importance du protocole de Kyoto, l’augmentation des aides aux pays pauvres pour assurer « la stabilité du monde »*, la mobilisation pour faire reculer le Sida, consiste à aborder l’avenir avec une vision qui n’est pas la nôtre. La stabilité du monde, par exemple, n’a jamais été assurée en donnant de l’argent aux pays susceptibles de nous envahir. Même les plus munichois n’avaient pas pensé dire qu’il fallait donner de l’argent à l’Allemagne hitlérienne en 1938 pour la dissuader de nous envahir !
Quant à la mobilisation contre le Sida, le moindre des discours, que je n’ai pas entendu chez votre candidat, serait de reconnaître qu’une politique qui prône la multiplication des partenaires sexuels est criminelle et ne permettra jamais d’enrayer cette pandémie. Finalement, le message qui permettrait le mieux d’enrayer cette maladie est celui qui est diffusé par l’Eglise catholique. Cela est si vrai que les pays africains où la maladie est la moins répandue sont justement les catholiques. Mais ce message, qui va à l’encontre des modifications sociales engendrées par le mouvement de Mai-68, n’est jamais prôné par M. Sarkozy.
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